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Santé : la kétamine à l’étude pour traiter la dépression 

Santé : la kétamine à l’étude pour traiter la dépression 

2 Juil, 2024

La dépression grave est un trouble mental particulièrement handicapant qui peut avoir des conséquences graves sur la vie. Pourtant, les traitements existants peuvent ne pas être efficaces contre ce mal. Les spécialistes étudient donc la kétamine de près comme nouveau médicament.

Une boîte de kétamine
Par contraste avec les antidépresseurs habituels, la kétamine agit de manière fulgurante, même si on ignore précisément par quels mécanismes physiologiques elle répond aux symptômes dépressifs. Photography Cole BURSTON / AFP© 

La kétamine, une molécule efficace pour soigner certains dépressifs 

La kétamine est une molécule utilisée habituellement comme anesthésiant. Les scientifiques l’étudient actuellement comme un possible traitement contre la dépression grave et résistante. Ce choix découle d’un besoin urgent de nouveaux antidépresseurs pour traiter certains cas de figure. Par ailleurs, des travaux récents ont démontré l’efficacité d’un dérivé de cette molécule, l’eskétamine, contre certains symptômes dépressifs. En avril, une recherche menée sur des jeunes mères a révélé une réduction du risque de dépression post-partum après une seule dose d’eskétamine. Une autre étude encore plus récente quant à elle, met en évidence l’efficacité de ce traitement contre les rechutes dépressives. Au vu de ces données, les psychiatres sont convaincus de ses bénéfices. 

Un nouveau traitement plus performant que les antidépresseurs classiques 

Si les spécialistes de la santé mentale considèrent l’eskétamine comme un traitement prometteur, c’est parce que son effet est particulièrement fulgurant. Certains experts y voient même une solution intermédiaire entre les antidépresseurs classiques et les électrochocs. Les psychiatres favorables à cette molécule souhaitent la recommander aux patients sur lesquels aucun autre traitement ne marche. Une autre condition inhérente au recours à cette molécule est la confirmation que le patient y répond aussi favorablement. Les spécialistes préconisent ce médicament pour les cas de dépression résistante. Il peut également être efficace pour les situations d’urgence nécessitant un traitement ponctuel comme les crises suicidaires par exemple.   

Certains spécialistes redoutent les effets secondaires de cet opioïde 

Si l’effet de la kétamine est quasi fulgurant, les chercheurs ne comprennent pas encore entièrement les mécanismes physiologiques par lesquels elle répond aux symptômes. Cela pousse certains d’entre eux à redouter le risque d’addiction chez les personnes qui la reçoivent en traitement. Le psychiatre Riccardo De Giorgi évoquait même le risque d’une nouvelle crise des opioïdes en 2022, en soulignant que cette molécule est déjà largement détournée comme une drogue. Et de rappeler que cette crise sanitaire née du détournement ou de l’usage excessif de certains médicaments, a déjà provoqué des centaines de milliers de morts aux USA. Sans oublier les lourds effets secondaires du traitement, comme les troubles dissociatifs de la personnalité et l’euphorie.  

L’administration par voie orale serait-elle la solution ? 

Face aux craintes quant aux effets secondaires de l’eskétamine, des chercheurs explorent de nouvelles voies pour qu’elle puisse être utilisée de façon sécurisée. Ils ont développé un comprimé capable de libérer progressivement le traitement dans l’organisme. Cette méthode pourrait s’avérer plus pratique et moins risquée que les traitements antidépresseurs actuellement approuvés administrés par intraveineuse ou sous forme de spray nasal. Le comprimé à libération prolongée permettrait de mieux contrôler la dose d’antidépresseur administré. Les études initiales sont prometteuses et indiquent que cette approche pourrait offrir une alternative sûre et efficace. Les patients ayant participé aux premières phases de l’étude ont rapporté peu d’effets secondaires.  

Un espoir pour mieux soigner la dépression sévère 

La dépression sévère, également connue sous le nom de dépression résistante, se manifeste par des symptômes intenses et persistants qui altèrent considérablement la qualité de vie des personnes touchées. Cette forme de dépression est particulièrement difficile à traiter car elle ne répond pas bien aux traitements conventionnels, tels que les antidépresseurs et la psychothérapie. Environ 30% des patients ne voient pas d’amélioration significative de leurs symptômes avec ces traitements. Cette résistance aux thérapies traditionnelles complique la prise en charge médicale et nécessite souvent une approche multidisciplinaire et personnalisée. La recherche de nouveaux traitements efficaces et qui n’induisent pas des effets secondaires graves, comme l’ eskétamine, est donc cruciale. 

Avec ETX/DailyUp