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Plasticité cérébrale : un mécanisme clé face au stress post-traumatique  

Plasticité cérébrale : un mécanisme clé face au stress post-traumatique  

17 Jan, 2025

La plasticité cérébrale, pilier d’une etude sur le stress post-traumatique, révèle les mécanismes du cerveau permettant de surmonter le trauma. Une recherche approfondie éclaire sur les étapes neurobiologiques et ouvre des pistes thérapeutiques. 

Plasticité cérébrale : un levier essentiel pour surmonter le trauma 

La plasticité cérébrale, cette capacité du cerveau à se reconfigurer en réponse à des expériences traumatiques, joue un rôle central dans la résilience face au stress post-traumatique (TSPT). Après les attentats du 13 novembre 2015, une étude menée par l’Inserm, nommée Remember, a mis en lumière les adaptations des réseaux cérébraux (rappellons qu’en cas de fatigue mentale, le cerveau influe sur nos comportements) chez les individus confrontés à des traumatismes sévères. À travers des analyses approfondies d’imagerie du cerveau, les chercheurs ont démontré que ces mécanismes neurobiologiques évoluent pour réduire les impacts du trauma. Cette découverte souligne l’importance de mieux comprendre la plasticité cérébrale pour développer des stratégies thérapeutiques adaptées. 

Comment les mécanismes de mémoire influencent le stress post-traumatique 

L’un des symptômes les plus perturbants du stress post-traumatique est la résurgence incontrôlée de souvenirs intrusifs liés au trauma. Ces flashbacks, souvent associés à des images, des sons ou des sensations, sont la conséquence d’un dysfonctionnement dans les mécanismes de contrôle de la mémoire. La plasticité cérébrale permet cependant une reconfiguration de ces processus au fil du temps. Les études montrent que chez les patients résilients, le cerveau, dont une alimentation saine est importante pour les neurones, parvient à rétablir l’équilibre en activant les régions préfrontales responsables de l’inhibition des souvenirs intrusifs.  

Étude Remember : un suivi des impacts des traumatismes psychologiques sur le cerveau 

L’étude Remember, réalisée dans le cadre du programme transdisciplinaire 13-Novembre, s’est penchée sur les changements cérébraux observés après les attentats. En analysant les données de 100 participants exposés, dont 34 atteints de TSPT chronique, les chercheurs ont étudié la plasticité cérébrale à travers deux campagnes d’imagerie (2016-2017 et 2018-2019). Ils ont également recueilli des réponses détaillées sur les symptômes des participants en 2020-2021. Les résultats montrent que les individus ayant surmonté le TSPT présentent une normalisation des réseaux cérébraux, tandis que ceux souffrant encore du trouble révèlent des dysfonctionnements persistants. Cependant, même chez ces derniers, des signes de plasticité cérébrale prometteurs ont été observés. 

La reconfiguration des circuits cérébraux : un signe d’espoir 

Les données d’imagerie révèlent que la plasticité cérébrale s’exprime principalement par une activité accrue dans le cortex préfrontal, qui régule l’hippocampe. Chez les participants résilients, ce phénomène contribue à limiter la résurgence des souvenirs intrusifs. Par ailleurs, ces changements s’accompagnent d’une interruption de l’atrophie de l’hippocampe, une structure clé pour la mémoire. Cette stabilisation structurelle reflète la capacité du cerveau à se réadapter après un trauma. Ces observations ouvrent des perspectives sur l’importance de stimuler ces mécanismes cérébraux pour améliorer la prise en charge des patients atteints de stress post-traumatique. 

Des thérapies novatrices pour renforcer la neuroplasticité 

L’un des objectifs majeurs des chercheurs est d’exploiter la plasticité cérébrale pour concevoir de nouvelles approches thérapeutiques. Contrairement aux traitements traditionnels, ces méthodes cibleraient directement les réseaux cérébraux sans solliciter le système émotionnel. Pierre Gagnepain, responsable de l’étude Remember, souligne que stimuler les circuits cérébraux de manière ciblée pourrait réduire les symptômes sans revivre les émotions traumatiques. Une piste prometteuse réside dans l’étude du récepteur GABA alpha 5, impliqué dans la suppression des souvenirs. Cette cible thérapeutique pourrait offrir des solutions pour renforcer la résilience face aux traumatismes. 

Une avancée cruciale pour la recherche en neurosciences 

Ces résultats enrichissent la compréhension des mécanismes neurobiologiques du stress post-traumatique. La plasticité cérébrale apparaît comme une clé pour expliquer pourquoi certaines personnes surmontent les effets du trauma tandis que d’autres en souffrent durablement. En combinant analyses structurelles et fonctionnelles, l’étude Remember fournit des données essentielles pour orienter les recherches futures. Ces avancées pourraient transformer la manière dont la résilience et le TSPT sont abordés en neurosciences, en mettant l’accent sur les capacités intrinsèques du cerveau à se réadapter. 

Source : Inserm  – https://presse.inserm.fr/stress-post-traumatique-la-plasticite-cerebrale-un-mecanisme-cle-de-la-resilience-au-trauma/69820/- Publié le 8/01/2024