À Menton et dans ses environs, un dépistage du VIH en pharmacie est en cours d’expérimentation. Cette démarche, menée en partenariat avec des associations locales, vise à multiplier les points d’accès pour sensibiliser davantage à un test régulier, tout en normalisant ce geste de santé publique.
Dépistage du VIH en pharmacie : des Trod plus accessibles
Depuis l’automne, les habitants de Menton et de ses environs peuvent bénéficier gratuitement de Tests rapides d’orientation diagnostique (Trod) dans les pharmacies participantes. Ce dépistage VIH pharmacie est simple et efficace, et s’effectue qu’avec une goutte de sang prélevée au bout d’un doigt. En seulement 30 minutes, il permet d’obtenir un résultat fiable pour détecter une éventuelle contamination par le virus de l’immunodéficience humain, à condition que l’exposition remonte à au moins trois mois.
Un projet en cours d’expérimentation à Menton
Ce dispositif, en phase d’expérimentation, s’inscrit dans une démarche de démocratisation du dépistage du VIH, notamment pour les populations qui n’ont pas facilement accès aux laboratoires ou qui sont éloignées du système de soins. Bien que des autotests soient disponibles depuis 2015, leur prix, qui varie entre 10 et 30 euros, peut constituer un obstacle pour certains publics. De plus, l’autotest ne remplace pas le conseil personnalisé d’un professionnel de santé. En pharmacie, ce dialogue permet non seulement d’expliquer le test, mais aussi d’orienter les personnes concernées vers des structures adaptées en cas de résultat positif, garantissant ainsi un suivi optimal.
Ce projet s’inscrit également dans une dynamique visant à intégrer la pharmacie dans le parcours de santé globale, en capitalisant sur leur proximité géographique et leur accessibilité. Il ne s’agit pas seulement d’effectuer un dépistage, mais aussi de briser les tabous et d’encourager la population à adopter une attitude proactive face à sa santé.
Objectif Sida Zéro, CPTS et Corevih Paca-Est : une collaboration locale pour un test de proximité
Cette expérimentation repose sur une collaboration exemplaire entre des acteurs locaux de la santé et des associations spécialisées. L’association Objectif Sida Zéro, qui milite pour l’éradication du VIH grâce à la prévention du SIDA et à l’accès aux soins, est au cœur du projet. Elle est accompagnée par la communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) de la Riviera française et le Corevih Paca-Est, un organisme régional de coordination dans la lutte contre le VIH.
Le rôle d’une pharmacie, déjà essentiel dans le système de santé, est ici amplifié grâce à cette initiative. Avec quatre millions de visiteurs par jour, les pharmacies sont des points de contact privilégiés pour toucher un large public. Le vice-président de la CPTS, Cyril Colombani, souligne également l’importance de la formation dispensée aux personnels en pharmacie avant de lancer cette expérimentation. Ces formations permettent aux professionnels de santé de répondre aux questions des patients, de gérer les situations sensibles et de créer un environnement accueillant et confidentiel. Ainsi, le dépistage devient non seulement accessible, mais aussi déstigmatisé.
Par ailleurs, ce projet s’inscrit dans la continuité d’une précédente initiative lancée en 2019 dans les Alpes-Maritimes et à Paris, où le dépistage anonyme et gratuit du VIH avait été testé en laboratoire avant d’être déployé en 2022 avec le dispositif VIHTEST. Désormais, en intégrant les pharmacies, cette stratégie renforce encore l’idée que le dépistage peut être un geste simple et fréquent, à portée de main.
Se faire dépister régulièrement : encourager une habitude préventive
Faire du dépistage du VIH en pharmacie une habitude préventive et banalisée, tel est le défi relevé par cette expérimentation. Pour Erwann Le Hô, président d’Objectif Sida Zéro, cette démarche s’appuie sur les habitudes acquises par les Français durant la pandémie de Covid-19. Les tests antigéniques et les campagnes de vaccination réalisées en pharmacie ont familiarisé le grand public avec l’idée de se faire soigner ou tester dans ce type de structure, perçue comme plus accessible que les hôpitaux ou laboratoires.
Les chiffres rappellent l’urgence de ce projet. Selon Santé Publique France, environ 11 000 personnes en France vivent avec le VIH sans le savoir, et dans les Alpes-Maritimes, près de 100 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année. Ce chiffre, qui stagne depuis 2021, montre l’importance de renouveler les approches pour toucher des populations éloignées des structures traditionnelles. La proximité des pharmacies, notamment dans les zones rurales ou isolées, pourrait s’avérer déterminante pour améliorer ces statistiques.
Avec ETX / DailyUp