10 Nov, 2023
Les professionnels de l’édition se sont réunis récemment au Salon de Francfort qui est la plus grande Foire du livre au monde. L’une des discussions qui en est ressorti concerne l’intelligence artificielle et l’apparition des contenus générés par l’ordinateur, qui inquiètent certains auteurs.
Les acteurs de l’édition ressentent de l’insécurité face à l’IA
Réunis dans le cadre du Salon de Francfort, les acteurs de l’édition ont exprimé leur inquiétude face à l’utilisation des IA génératives dans ce secteur. Il s’agit d’une véritable révolution technologique qui bouleverse actuellement l’industrie du livre, car des nouveaux contenus, entièrement générés avec l’IA apparaissent et sont même proposés à la vente sur les plateformes telles qu’Amazon. Même si certains restent sceptiques quant à leur qualité, il n’en demeure pas moins que beaucoup s’interrogent sur la propriété intellectuelle des auteurs. Les domaines touchés sont la traduction, les éditions scientifiques et juridiques et dans une moindre mesure, la création littéraire.
Une aide à l’écriture surtout pour les romans à l’eau de rose
Le recours à l’intelligence artificielle pour écrire des romans ne convainc pas encore des auteurs comme Salam Rushdie. Effectivement, les performances de l’IA restent médiocres selon ce dernier et ses pairs, en raison de son manque d’inspiration. Le directeur de la Foire, Juergen Boos, quant à lui, pense que cette technologie peut être utilisée comme d’aide à l’écriture pour les romans ayant un modèle narratif stéréotypé et destiné à une masse. C’est le cas notamment des romans à l’eau de rose. Le secteur des ouvrages scientifiques et spécialisés a également étudié plus sérieusement la question. Preuve s’il en est que l’impact de l’IA pourra dépendre du type de publication, au final.
La question des droits d’auteur inquiète les professionnels
Le fonctionnement des IA génératives repose sur des algorithmes qui s’entraînent avec des milliards de textes existants émanant d’auteurs bel et bien réels. Résultat : il y a un flou en ce qui concerne les droits d’auteur des contenus générés par l’IA, et cela suscite de l’inquiétude. Le fait est que de grosses sommes sont en jeu et cela peut poser problème. L’écrivain George R.R Martin, par exemple, fait partie des écrivains qui se sont insurgés contre cette pratique. Ce dernier a saisi la justice américaine contre OpenAI, à qui ils reprochent de s’être basé sur leur travail pour la création de ChatGPT. Ils estiment de la start-up n’a pas respecté leurs droits d’auteur.
Les éditeurs européens souhaitent une réglementation plus stricte
Les éditeurs européens ont récemment exprimé leur préoccupation quant à la régulation des intelligences artificielles génératives dans le secteur de l’écriture de romans et autres œuvres littéraires. Le Parlement européen a déjà proposé des obligations de transparence pour les modèles de fondation, tels que ChatGPT ou Bard, pour garantir qu’ils fournissent un résumé détaillé des œuvres protégées par les droits d’auteur utilisées pour leur formation. Cependant, le Conseil des écrivains européens n’est pas satisfait par cette réforme et juge qu’elle est insuffisante en termes de réglementation. Il a ainsi mis en avant diverses recommandations visant à renforcer les législations.
Certains auteurs souffrent d’une baisse de leurs revenus
La guerre littéraire qui oppose les auteurs et l’intelligence artificielle concerne aussi la baisse de revenus qu’entraîne l’usage de cette technologie comme aide à l’écriture ou comme auteur. L’avènement de ces outils rend encore plus complexe la génération de revenus en particulier pour les auteurs novices et les membres de communautés sous-représentées. Face à cette menace, ils réclament alors une rétribution financière de la part des acteurs de l’intelligence artificielle générative qui utilisent leur travail. Ils insistent également sur le fait que les éditeurs d’IA générative doivent obtenir le consentement formel des auteurs de livres avant d’utiliser leurs œuvres littéraires.
Avec ETX/DailyUp