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Effet yo-yo : nos cellules adipeuses se rappelleraient des kilos perdus 

Effet yo-yo : nos cellules adipeuses se rappelleraient des kilos perdus 

10 Déc, 2024

Une récente étude révèle l’impact de la mémoire des cellules adipeuses sur l’effet yo-yo, bouleversant la compréhension de la perte de poids et de l’obésité. 

L’effet yo-yo, plus qu’une question de discipline  

L’effet yo-yo, bien connu des personnes tentant de perdre du poids, s’accompagne d’un sentiment d’échec, souvent attribué à un manque de discipline ou à des habitudes alimentaires inadaptées. Cependant, une étude récente publiée dans la revue Nature vient bouleverser cette vision. Selon les chercheurs, la cause principale de cet effet résiderait dans une « mémoire épigénétique » des tissus graisseux, un mécanisme biologique jusqu’ici largement sous-estimé. Cette mémoire agirait comme une empreinte durable, rendant les efforts pour maintenir un poids stable particulièrement difficiles. Ce cercle vicieux de l’effet yoyo, où les kilos perdus reviennent régulièrement, dépasse ainsi les simples considérations comportementales et ouvre une nouvelle perspective sur les mécanismes de l’obésité. 

La mémoire des cellules adipeuses, une découverte fondamentale pour la santé pondérale 

Sous la direction du professeur Ferdinand von Meyenn de l’École polytechnique fédérale de Zurich, une équipe internationale de scientifiques s’est penchée sur les cellules adipeuses de souris obèses, ainsi que sur celles de souris ayant suivi un régime. Les résultats de ces travaux montrent que l’obésité laisse des traces profondes au sein des tissus adipeux, entraînant l’effet yoyo, sous forme d’altérations épigénétiques. Ces modifications, bien qu’imperceptibles à l’œil nu, influencent directement l’expression des gènes en jouant le rôle de régulateurs chimiques.  

Contrairement aux changements dans l’ADN, qui sont permanents, ces altérations chimiques sont réversibles, mais elles persistent bien après la perte de poids. Elles permettent ainsi aux cellules graisseuses de « se souvenir » de leur état initial, expliquant pourquoi celles-ci tendent à regagner leur taille d’origine lorsqu’elles sont à nouveau confrontées à un régime riche en graisses. Ce processus est donc l’une des causes de l’effet yo-yo. Une telle découverte met en lumière la complexité des processus biologiques qui régissent la prise et la perte de masse graisseuse. 

Un processus partagé par l’organisme humain 

L’étude ne s’est pas limitée aux modèles animaux. Les chercheurs ont également mené des analyses approfondies sur la mémoire des tissus graisseux humains, notamment ceux de patients ayant subi des chirurgies bariatriques telles que la réduction de l’estomac. Les résultats obtenus ont confirmé l’existence d’un mécanisme similaire chez l’homme : les cellules graisseuses conservent des traces épigénétiques de leur passé obèse. Cette mémoire explique pourquoi des personnes ayant souffert d’obésité ou de surpoids sont davantage prédisposées à l’effet yo-yo et à reprendre les calories brûlées (voire plus), même lorsqu’elles adoptent des habitudes alimentaires similaires à celles d’individus n’ayant jamais été obèses.

Ces découvertes sur l’effet yoyo renforcent l’idée que l’obésité est une condition multifactorielle, où les aspects biologiques jouent un rôle tout aussi important que les choix de mode de vie. Elles révèlent également pourquoi la lutte contre l’effet ‘’yo-yo’’ nécessite bien plus qu’un simple réajustement des habitudes alimentaires. 

Perte de poids : vers une solution pour lutter contre l’obésité ? 

Bien que cette mémoire épigénétique pose des défis importants pour stabiliser la perte de poids et éviter l’effet yoyo, elle pourrait également ouvrir des portes vers de nouvelles solutions thérapeutiques. Actuellement, aucune intervention pharmacologique ne permet de traiter l’effet yoyo et d’effacer ces marques chimiques laissées par l’obésité. Cependant, les chercheurs explorent activement des pistes prometteuses. Une hypothèse intrigante évoque l’existence d’une « fenêtre temporelle » durant laquelle l’organisme pourrait être capable de réinitialiser cette mémoire biologique à l’origine de l’effet yoyo.

Si cette piste se confirme, elle pourrait transformer la manière dont nous abordons la gestion du poids et offrir de nouvelles perspectives à la lutte contre l’obésité et l’effet yo-yo. En attendant, les experts insistent sur l’importance de la prévention : une alimentation équilibrée, associée à une activité physique régulière dès le plus jeune âge, reste la stratégie la plus efficace pour éviter de déclencher ces mécanismes biologiques complexes de l’effet yoyo. 

Une piste pour d’autres tissus de l’organisme ? 

L’impact de cette mémoire épigénétique pourrait ne pas se limiter aux cellules adipeuses et l’effet yo-yo. Les chercheurs avancent l’idée qu’elle pourrait également concerner d’autres types cellulaires, notamment celles du cerveau et des vaisseaux sanguins. Cela pourrait expliquer pourquoi la régulation du poids ne dépend pas uniquement de la consommation calorique ou de l’activité physique, mais aussi de mécanismes internes plus subtils.

Cette hypothèse de l’effet yoyo soulève des questions fascinantes : si des cellules autres que les adipocytes gardent également des traces de l’obésité, cela pourrait ouvrir un champ de recherche totalement nouveau sur les liens entre métabolisme, mémoire cellulaire et santé globale. Ces investigations pourraient également éclairer pourquoi certaines personnes, même après une perte de poids significative, continuent de ressentir des envies alimentaires accrues ou des difficultés à stabiliser leur masse pondérale. Si les chercheurs parviennent à identifier et à cibler ces mécanismes de l’effet yoyo dans différents types cellulaires, cela pourrait marquer un tournant décisif dans la lutte contre l’obésité. 

Avec ETX / DailyUp