31 Mar, 2023
La cravate est une pièce vestimentaire qui fait lentement son retour en Iran. Effectivement, de plus en plus d’hommes commencent à la remettre, à l’exemple de Mohammad Javad, qui choisit sa première cravate dans un magasin de mode à Téhéran. Est-ce le come-back définitif de cet accessoire ?
Le port de cravate suscite des réactions en Iran
En Iran, porter la cravate redevient doucement admit, même si cet accessoire demeure controversé. Cela est dû au fait qu’il a été frappé d’interdiction en 1979, puis redevenu autorisé depuis 1997. Cet accessoire masculin était effectivement considéré comme un symbole de la décadence occidentale.
Pourtant aujourd’hui, comme Mohammad Javad, de plus en plus d’hommes le portent. Ce jeune homme, en l’occurrence, considère la cravate comme étant chic et a décidé d’en porter une pour être élégant lors de sa première rencontre avec ses futurs beaux-parents. Il affirme toutefois que cet accessoire vestimentaire suscite les regards et même des rections négatives dans certains quartiers.
Un accessoire occidental que l’on retrouve de plus en plus
Malgré le fait que la cravate soit controversée dans le pays, le magasin huppé dans lequel Mohammad achète la sienne l’expose dans toutes les couleurs. Le vendeur souligne d’ailleurs en vendre une centaine par mois à des hommes qui veulent la porter pour le travail ou pour des cérémonies.
D’ailleurs, si dans certains quartiers la cravate est mal vue, dans d’autres, comme celui où se trouve le magasin au Boulevard Nelson Mandela, on peut croiser souvent des hommes qui la portent. Le directeur adjoint du magasin estime que 2 hommes sur 10 croisées dans la rue l’adoptent. Il poursuit que les manifestations déclenchées par l’affaire Mahsa Amini n’ont aucunement affecté ses ventes.
Un signe de prestige pour certains, de décadence pour d’autres
À l’époque de l’ayatollah Rouhollah Khomeini en 1979, cet accessoire vestimentaire était clairement perçu comme un signe de décadence occidentale par la nouvelle classe dirigeante.
Actuellement, il est devenu un signe de prestige par les jeunes, qui sont de plus en plus attirés par cet accessoire, affirme un autre vendeur dans un magasin Pierre Cardin. Il considère même que cette pièce élégante est devenue un signe de prestige chez la jeune génération !
Toutefois, même pour les personnes chez qui le port de cet accessoire est obligatoire, le poids du tabou passé demeure. Ainsi, celles-ci le retirent dès la sortie des bureaux pour ne pas susciter des réactions dans la rue. Ainsi, le changement est bien là, mais les moqueries le limitent.
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D’autres interdits vestimentaires chez les hommes avant 1997
Du temps de l’ayatollah Rouhollah Khomeini en Iran, les hommes comme les femmes, étaient soumis à des règles strictes en matière de vêtements. Les shorts, les pantalons serrés, les chemises à manches courtes, les cravates et les costumes occidentaux étaient considérés comme un signe d’occidentalisation et étaient donc frappés de tabou. Les hommes devaient porter des vêtements traditionnels comme le manteau long et ample appelé « Pardha » ou « Joube » et des pantalons larges appelés « Sharwal ». Les cheveux longs étaient également encouragés, tandis que les coupes de cheveux occidentales étaient interdites.
Certaines restrictions vestimentaires demeurent
Actuellement, il existe encore des restrictions et des codes vestimentaires pour les hommes. Elles s’expliquent par la culture, mais surtout par l’interprétation conservatrice de la religion islamique. Selon la loi en vigueur, les hommes doivent porter des vêtements qui couvrent leur corps, tels que des pantalons longs et des chemises à manches longues et éviter les vêtements moulants ou les shorts. Les cheveux longs sont acceptés, mais les coupes de cheveux extravagantes sont interdites. Les vêtements portant des slogans ou des images politiques ou obscènes sont de même prohibés. Les autorités iraniennes considèrent que ces restrictions sont nécessaires pour maintenir la morale publique et l’ordre social.