19 Mai, 2023
L’industrie agroalimentaire et celle de la mode collaborent pour créer des vêtements à faible impact environnemental. Pour ce faire, les acteurs de la mode utilisent des déchets agroalimentaires et même des produits de la terre pour créer les textiles qui se trouveront dans la garde-robe du futur.
Une garde-robe à base de fruits et de légumes
Certains acteurs de la mode optent pour les résidus électroniques ou les détritus marins récoltés sur les plages et les océans pour créer des textiles innovants. D’autres, considèrent ceux issus de l’industrie agroalimentaire comme étant plus « propres » pour la planète. Fort de ce constat, ces derniers utilisent donc des solutions naturelles qui semblent avoir plus leur place dans un menu végan que dans la garde-robe. Banane, lait, champignons, ananas, citron, betterave, etc., sont autant d’ingrédients qui composeront des nouveaux textiles dont l’utilisation ne nuira pas à la planète. Contrairement à des matières comme le jean ou le coton par exemple.
Le champignon pour créer des textiles neutres en carbone et biodégradable
Bien qu’il ne soit pas sélectionné dans les déchets agroalimentaires, le champignon est un produit de la terre qui intéresse les chercheurs depuis de nombreuses années. Une équipe de scientifiques de l’Université de Vienne et du RMIT en Australie ont vanté ce produit pour sa neutralité carbone et sa biodégradabilité. Actuellement, des start-ups telles que MycoWorks et Bolt Threads Inc. l’utilisent pour développer des tissus avec des caractéristiques identiques à celles du cuir. En France, c’est la jeune pousse Fungus Sapiens qui a développé un tissu appelé MÆLIUM à partir du champignon. Ce type de textile a déjà du succès auprès des maisons de renom telles que Stella Mc Cartney, Adidas et Lululemon.
Une fibre textile à base de lait périmé
Si le lait périmé est l’un des ingrédients que l’on aura tendance à bouder pour les repas, il n’en est pas de même dans le secteur de la mode ! En effet, grâce à un processus mis au point par chimiste et ingénieur italien, on sait désormais utiliser la caséine, la protéine de lait, pour créer une fibre textile qui remplace la laine. Le procédé est largement connu et il n’est pas rare aujourd’hui de trouver des vêtements conçus à partir de fibre de lait, un tissu naturel et biodégradable. Le textile QMilk, créé par l’entrepreneure Anke Domaske fait partie des plus connus dans le monde. Des marques comme Germaine des Prés l’utilisent déjà pour la fabrication de culottes et de nuisettes antibactériennes.
Des tissus durables à base de banane
La banane fait aussi partie des matières premières que l’industrie de la mode exploite de plus en plus pour créer des matériaux alternatifs. On utilise plus précisément les tiges de bananier qui sont traitées pour en extraire les fibres. Le processus de fabrication implique plusieurs étapes, dont le trempage dans de l’eau, le brossage et le peignage. Les fibres ainsi obtenues sont ensuite filées pour créer des fils, qui peuvent être utilisés pour fabriquer des tissus. La marque indienne LIVA, spécialisée dans les tissus durables, utilise des fibres de bananier dans ses collections. La marque britannique Muskin, quant à elle, utilise des fibres de champignons et de bananier pour produire ses tissus.
L’importance du développement de ces matières alternatives
Selon l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), l’industrie textile est responsable de 10% des émissions mondiales de gaz à effet de serre et de 20% de la pollution de l’eau. La plupart des textiles produits ne sont pas biodégradables, ce qui contribue à la pollution de l’environnement. Face à ces enjeux, il est crucial de développer des textiles biodégradables et des matières alternatives plus durables comme celles conçues avec de la protéine de lait, de la banane ou des champignons. En effet, ces textiles se dégradent naturellement dans le sol, sans laisser de résidus nuisibles. De plus, cela permet de réduire la pression sur les ressources naturelles et de limiter l’utilisation de produits chimiques nocifs pour l’environnement.