16 Juin, 2023
Premier producteur de latex naturel avec près de 5 millions de tonnes, la Thaïlande souffre d’une industrie considérée comme nocive pour les forêts et les sols. Néanmoins, des initiatives sont en cours pour fournir des produits durables sans recourir aux pesticides afin de regagner la confiance des fabricants de caoutchouc.
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Des initiatives pour verdir l’industrie du latex naturel en Thaïlande
Le caoutchouc, matière essentielle pour la fabrication de pneus, de préservatifs et de gants médicaux, provient majoritairement de Thaïlande et d’Indonésie. Il est fait à partir de latex naturel prélevé sur les troncs d’hévéa. La manière de récolter ce liquide laiteux n’est pas toujours respectueuse de l’environnement. En effet, cette industrie est considérée comme source de déforestation, d’érosion et utilise bien souvent une main-d’œuvre illégale. Face à cette mauvaise réputation, des initiatives ont vu le jour pour verdir le secteur. Il y a, par exemple, la certification Forest Stewardship Council (FSC) qui promeut l’exploitation durable des forêts tropicales. Par ailleurs, d’autres pistes comme offrir aux agriculteurs d’autres moyens de compléter leur revenu. C’est aussi une manœuvre pour reconquérir certains marchés, notamment celle de l’Union Européenne qui vient d’interdire l’importation de caoutchouc qui provient d’une exploitation contribuant à la déforestation.
Bannir les pesticides dans les forêts
Parmi les pratiques qui devraient être bannies chez les agriculteurs thaïlandais, il y a l’utilisation de pesticides. Wanida Hityim, exploitante d’un hectare et demi d’hévéa à Surat Thani explique que son père avait pour habitude d’utiliser des pesticides et que cela le faisait énormément tousser. Quand elle a repris l’exploitation, elle a décidé de bannir ces produits chimiques. Toutefois, elle fait partie des rares agriculteurs ayant fait ce choix. En effet, il est difficile de contrôler comment les exploitants isolés dans les forêts la Thaïlande exploitent leur culture. Les sacs plastiques et les pesticides sont omniprésents. Pour remédier à cela, il y a l’Agriac, un intermédiaire chargé d’encourager l’adoption des standards FSC auprès des exploitants. Néanmoins, la route vers des produits durables est encore longue. Même si les restrictions imposées par le marché européen poussent le gouvernement et certains grands groupes à chercher des solutions pour verdir l’industrie, le plus grand importateur de latex naturel provenant de Thaïlande qui n’est autre que la Chine, se fiche que la marchandise soit verte ou pas. Or, cela pose problème dans la promotion de la méthode d’exploitation durable chez les agriculteurs.
Difficulté à obtenir des produits durables
73 000 hectares de plantations d’hévéas en Thaïlande sont certifiés FSC. Cela correspond à 2 % de la surface totale de l’exploitation de cet arbre dans le royaume. Pourtant, les certifications ne sont pas toujours efficaces. En effet, les auditeurs censés veiller aux bonnes pratiques sur le terrain sont souvent payés par les acheteurs de latex naturel, ce qui créé un conflit financier, et parfois un non-respect des standards qui passe entre les mailles du filet. Dans l’idéal, Grant Rosoman, de Greenpeace recommande à l’Etat de sanctionner les dérives, mais aussi une certification avec des standards plus élevés. En tout cas, ce qui est certain, c’est que le latex naturel est pour l’instant l’unique solution pour ne pas utiliser le matériau fait à partir de pétrole.
Pas de caoutchouc thaïlandais jusqu’à nouvel ordre en Europe
Le commerce de caoutchouc en Thaïlande est souvent associé à des pratiques de travail déplorables et à des conditions de travail inhumaines. Des rapports publiés par différentes organisations non gouvernementales ont mis en lumière la mauvaise exploitation des travailleurs thaïlandais dans l’industrie du caoutchouc, notamment en matière de salaire, de santé et de sécurité. La Thaïlande est le premier exportateur mondial de caoutchouc et une partie de ses exportations sont destinées à l’Europe. Inquiète après les innombrables rapports sur la manière dont le caoutchouc est produit et commercialisé dans le pays, l’Union Européenne n’a eu d’autres choix que de suspendre les importations jusqu’à nouvel ordre. De plus, le choix de l’Europe est aussi motivé pour des raisons environnementales.
Avec ETX Daily Up