24 Jan, 2025
La MASH, maladie hépatique chronique liée à l’obésité, au diabète et à l’accumulation de gras dans le foie, est aujourd’hui mieux comprise grâce à des observations révélant 2 formes distinctes et leurs origines.
MASH : une affection mondiale aux conséquences graves
La stéatohépatite associée à un dysfonctionnement métabolique (MASH) est une pathologie hépatique qui touche environ 4 à 6 % de la population adulte mondiale. Cette maladie, souvent considérée comme une épidémie silencieuse, est étroitement liée à l’augmentation globale de l’obésité (due à la sédentarité et à une alimentation de mauvaise qualité) et du diabète.
Son origine réside dans l’accumulation de gras dans le foie, un état connu sous le nom de stéatose hépatique. Bien que la stéatose puisse être bénigne, elle peut évoluer vers une inflammation chronique, caractéristique de la MASH. Si cette inflammation persiste, elle provoque des complications graves telles que la fibrose, la cirrhose, voire un cancer hépatique, mettant en péril la santé de millions de personnes.
Des observations deux types distincts de cette maladie hépatique
Une avancée majeure a été réalisée par des chercheurs du CHU de Lille, coordonnés par le Pr François Pattou dans le cadre du projet RHU PreciNASH. En analysant les données de 1 800 patients, ils ont identifié deux types distincts de maladie hépatique chronique grave. Ces résultats, publiés dans la revue Nature Medicine, marquent une étape décisive dans la compréhension de cette maladie complexe.
L’étude s’est appuyée sur six variables cliniques simples : l’indice de masse corporelle (IMC), le taux d’enzymes hépatiques ALT, l’âge, le taux de cholestérol LDL, de triglycérides, et d’HbA1c. Ces facteurs ont permis de distinguer 2 groupes de patients ayant des profils biologiques différents. Cette approche novatrice, basée sur des algorithmes d’intelligence artificielle, ouvre la voie à une médecine personnalisée.
Excès d’acide gras dans le foie, obésité, diabète… les origines des deux maladies
L’étude a permis de classifier la MASH en deux formes distinctes, chacune ayant des origines et des conséquences uniques :
- MASH d’origine génétique : cette maladie est associée à un taux élevé d’enzymes ALT et touche principalement des patients plus jeunes. Ce dysfonctionnement entraîne une accumulation excessive d’acides gras dans le foie, menant à des maladies hépatiques graves, comme la cirrhose.
- MASH cardio-métabolique : cette forme est caractérisée par des niveaux élevés de triglycérides et de HbA1c, reflétant un état métabolique dégradé. Elle concerne surtout des patients en situation d’obésité ou souffrant de diabète de type 2, exposant à des maladies cardiovasculaires, voire des effets encore plus graves.
Les chercheurs ont également montré que ces deux formes de stéatohépatite associée à un dysfonctionnement métabolique évoluent différemment, soulignant la nécessité d’une approche thérapeutique adaptée à chaque profil.
Un diagnostic précis grâce aux outils numériques
Pour faciliter l’identification des deux types de MASH, les chercheurs ont développé un outil innovant : l’application RShiny. Accessible en ligne, ce programme permet aux cliniciens de classifier les patients selon leur type de MASH en utilisant les six variables cliniques identifiées. Bien que cet outil ne soit pas un dispositif médical certifié, il simplifie le diagnostic et favorise une stratégie de prise en charge personnalisée.
Le développement de cette technologie illustre l’importance croissante des solutions numériques en médecine. Les praticiens peuvent ainsi anticiper les complications et proposer des traitements ciblés, améliorant les perspectives pour les patients atteints de stéatohépatite associée à un dysfonctionnement métabolique.
Vers une stratégie thérapeutique adaptée
Cette avancée scientifique ouvre des opportunités prometteuses pour la médecine de précision. En stratifiant les cas de MASH, les chercheurs espèrent améliorer l’efficacité des traitements. Plusieurs médicaments en développement pourraient être évalués spécifiquement selon le type de stéatohépatite associée à un dysfonctionnement métabolique auquel ils sont destinés.
« Ce travail marque une étape importante vers une gestion individualisée des patients. En distinguant les mécanismes biologiques sous-jacents, nous pouvons optimiser les résultats cliniques », explique le Pr Philippe Mathurin, hépatologue impliqué dans l’étude.
Cette approche personnalisée pourrait réduire les coûts de santé et améliorer la qualité de vie des patients, en particulier ceux présentant des formes graves ou complexes de la stéatohépatite associée à un dysfonctionnement métabolique.
Un enjeu global pour la santé publique
La MASH représente un véritable défi de santé publique. Avec l’augmentation des taux d’obésité et de diabète, cette maladie pourrait toucher un nombre croissant de personnes dans les années à venir. Les efforts conjoints des chercheurs, cliniciens et développeurs d’outils technologiques sont essentiels pour prévenir cette crise.
Les initiatives comme celles du CHU de Lille montrent l’importance de la collaboration internationale dans la lutte contre les maladies métaboliques. En travaillant ensemble, les scientifiques peuvent partager des données et développer des solutions novatrices pour mieux comprendre et traiter ces pathologies complexes.
Source : Inserm – https://presse.inserm.fr/steatohepatite-associee-a-un-dysfonctionnement-metabolique-mash-il-nexiste-pas-un-mais-deux-types-de-maladie/69669/ – Publié le 09/12/2024