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Plastique biodégradable : une source de pollution plus importante

Plastique biodégradable : une source de pollution plus importante

7 Avr, 2023

Une main tenant des plastiques biodégradables
Le plastique biodégradable semble être plus polluant – Photography FRED DUFOUR / AFP©

Le plastique biodégradable est de plus en plus utilisé dans la vie quotidienne des gens. Ce matériel est toutefois loin d’avoir un impact environnemental nul. Au contraire, il s’avère qu’il engendre plus de pollution selon les experts. Comment est-ce possible ? Décryptage dans l’article !

Plastique biodégradable : un impact environnemental à considérer

Pour le moment, il n’existe pas réellement de définition universelle pour le terme de plastique biodégradable. Les gens ont généralement tendance à croire que l’utilisation d’un tel matériau contribue à réduire leurs déchets plastiques. C’est cependant loin d’être aussi simple selon Gaëlle Haut, coordinatrice européenne de l’association Fondation Surfrider.

En effet, d’après cette militante, il ne faut pas oublier que cette alternative aux plastiques classiques s’obtient à partir de polymères spécifiques. Ces dernières peuvent être issues de sources végétales, animales ou pétrochimiques. Ainsi, bien que leur décomposition soit plus rapide, cela requiert toutefois un compostage domestique ou industriel bien propice à ce processus.

Une décomposition néfaste engendrant plus des microplastiques

D’après Moira Tourneur, responsable du plaidoyer à Zero Waste France, l’utilisation du plastique biodégradable présente un risque bien évident. Les gens pensent que laisser traîner ce matériau en forêt ou dans la nature n’a pas vraiment d’impact environnemental comme celui-ci se décompose naturellement. La réalité contredit cependant ces idées reçues selon lui.

Pour rappel, cet élément d’emballage se dégrade normalement dans la nature en fonction des écosystèmes. Celui-ci se décompose en microplastiques pouvant s’infiltrer dans les sols, les mers et les océans. Ces particules contribuent ainsi à augmenter la pollution déjà existante dans ces milieux. Cela présente ainsi un risque supplémentaire pour la flore, la faune et l’homme.

Une pollution masquée par des confusions de terminologie

Face à la décomposition néfaste du plastique biodégradable, plusieurs experts préconisent d’ajuster cette appellation. Comme le précise Philippe Dewolfs, directeur commercial de TUEV Autriche, les matériaux catégorisés « biosourcés » ne sont pas toujours compostables ou biodégradables. Les éléments « biodégradables », quant à eux, ne disposent d’aucune constitution organique.

Pour plus de clarté, les emballages biosourcés doivent contenir une matière organique, mais peuvent aussi contenir des dérivés des combustibles fossiles. Les matériaux biodégradables, pour leur part, sont uniquement issus de polymères provenant du pétrole. Ces derniers peuvent se décomposer en CO2, en eau et en biomasse par compostage ou par dégradation dans un milieu naturel adéquat pour cette transformation.

Des éléments biodégradables loin d’être aussi respectueux de l’environnement

L’utilisation du plastique biodégradable est souvent présentée comme une alternative écologique pour lutter contre la pollution. Cependant, il est important de reconnaître que ces types d’emballages ne sont pas la solution miracle que beaucoup espèrent. Ces derniers présentent des effets néfastes sur l’environnement, notamment en rapport avec leur fabrication nécessitant des ressources importantes.

De plus, même si ce matériau se décompose plus rapidement en milieu naturel, il ne se dégrade pas complètement en produisant des microplastiques. Par ailleurs, une forte utilisation de ce matériel contribue à encourager la culture intensive de matières premières telles que le maïs ou la canne à sucre. Cela risque alors d’entraîner la destruction de zones naturelles et la perte de biodiversité.

Une forte utilisation des emballages biodégradables en perspective

Le recours au plastique biodégradable dans le monde est en constante augmentation depuis les dernières années. En 2020, la production de ces matériaux ayant moins d’impact environnemental a atteint 0,4 million de tonnes et devrait augmenter de 20% d’ici 2025. En Europe, les chiffres montrent une hausse de 25% depuis 2015, avec une utilisation accrue dans les sacs de courses et des emballages alimentaires.

Aux États-Unis, les entreprises de restauration rapide ont commencé à utiliser ces matériaux pour réduire leur empreinte écologique. Bien que l’utilisation de ces éléments biodégradables puisse offrir des avantages écologiques par rapport aux contenants traditionnels, il est important de considérer les coûts environnementaux et énergétiques de leur production et de leur élimination.

Avec ETX DailyUp