15 Mai, 2024
Si Amazon et Shein ont su asseoir leur notoriété ces dernières années en tant qu’applications marchandes, Temu, un nouveau venu sur le marché, est en train de les concurrencer. Sa stratégie consiste à casser les prix pour attirer les acheteurs. Cela pousserait pourtant ces derniers à surconsommer.
Temu, l’application marchande populaire du moment
Encore inconnue du public il y a de cela deux ans, la plateforme chinoise Temu fait désormais partie des applications marchandes populaires auprès des acheteurs en ligne. Elle propose une vaste gamme de produits allant des articles de mode, aux appareils high-tech dernier cri. Le tout est vendu à des prix dérisoires, pour le plus grand bonheur des amateurs de produits pas chers. L’application marchande a été lancée en 2022 aux USA et est active dans 59 autres pays, y compris la France. Dans l’Hexagone, Temu est classé 7ème dans la liste des sites et des applications marchands les plus consultés au 4ème trimestre de 2023. La plateforme chinoise comptabilise 17,4 millions de visiteurs uniques par mois. Cela représente 2,2 millions de visites uniques par jour.
Une marketplace qui pousse à la surconsommation à l’instar de Shein ?
Cette plateforme chinoise généraliste propose un vaste choix de produits aux consommateurs, dont des vêtements pas chers en gros volume. Pour autant, elle continue de se qualifier en tant que place des marchés ou marketplace et nie être une enseigne de fast-fashion comme Shein. Ses méthodes diffèrent de celles de ses concurrents par quelques points, dont celui de fabriquer et d’expédier sa marchandise directement de Chine. Ce serait également grâce à cette stratégie qu’elle peut proposer ses articles à des prix aussi compétitifs. Pour autant, les experts dans le domaine de l’e-commerce dénoncent le fait que l’enseigne pousse les très jeunes à consommer à outrance, en recourant à un marketing agressif. La plateforme chinoise utilise les codes des jeux d’argent pour cultiver une addiction chez ses utilisateurs.
Les méthodes de production et de publicité controversées de la plateforme chinoise
La croissance fulgurante de cette enseigne cacherait des pratiques peu éthiques, selon des spécialistes comme Valérie Fayard de Stop fast-fashion. Cette dernière redoute une production dans des conditions désastreuses pour l’environnement, tout en étant également répréhensible côté humain. Les fournisseurs sont, entre autres, soupçonnés de recourir au travail forcé des populations persécutées comme les Ouighours. De plus, la plateforme chinoise serait aussi peu regardante quant à la présence de composants dangereux dans certains de ses produits. Malgré toutes ces accusations, l’entreprise ne commente pas la nécessité de prendre des mesures pour adopter des pratiques et des conditions de travail plus viables.
Une des rivales les plus sérieuses d’Amazon
En proposant une gamme impressionnante de 80 000 articles à des prix incroyablement bas, la plupart étant inférieurs à 2 euros, ce nouvel acteur e-commerce revendique fièrement sa rivalité Amazon. Cependant, il est confronté à plusieurs défis, dont la commodité offerte par la livraison en une journée proposée par le géant américain. Ensuite, le design et l’expérience d’achat pourraient rebuter les marques axées sur l’image et la valeur. Elles rechignent encore à proposer leurs produits sur cette plateforme chinoise. Enfin, le site a l’image d’un lieu qui ne propose que des produits low-cost plutôt que comme une destination pour des achats de nécessités quotidiennes.
La loi sur la fast-fashion pourrait freiner l’élan de ce nouveau concurrent
Une proposition de loi adoptée par l’Assemblée nationale française pourrait représenter un défi majeur pour la croissance de cette nouvelle l’appli de vente en ligne. D’autres plateformes comme Shein pourraient d’ailleurs aussi en pâtir. Cette proposition vise à lutter contre la fast-fashion en instaurant un système de bonus-malus pour dissuader la consommation excessive de vêtements bon marché. En outre, elle prévoit d’interdire dès le 1er janvier 2025 la publicité pour les produits de la fast-fashion, ainsi que la promotion des entreprises et des marques qui les proposent. Une mesure notable de cette proposition est l’extension de cette interdiction aux influenceurs commerciaux, qui jouent un rôle clé dans la promotion d’articles de mode en ligne.
Avec ETX/DailyUp