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La tyrannie de la maigreur règne toujours dans l’industrie de la mode

La tyrannie de la maigreur règne toujours dans l’industrie de la mode

11 Oct, 2023

Les mannequins rondes existent et apparaissent sur les podiums, pourtant, elles semblent n’être qu’une façade de l’industrie de la mode. Effectivement, les canons de beauté encensant la minceur extrême demeurent présents dans ce secteur. 

Une mannequin femme qui défile sur un podium
Sur 9.137 tenues dévoilées au cours de 219 défilés à New York, Londres, Milan et Paris, 95,6% ont été présentées par des mannequins minces (tailles 32-36). Seulement 0,6% ont concerné des mannequins grande taille (44 et plus). Photography GABRIEL BOUYS / AFP©

La tyrannie de la maigreur, un problème persistant dans le secteur de l’habillement 

Bien que les mannequins plantureuses et rondes soient maintenant présentes sur les défilés de mode, elles ne suffisent pas à rendre ce secteur aussi inclusif qu’il prétend l’être. La tyrannie de la maigreur existe toujours dans cet univers, premièrement, parce que les vêtements continuent d’être dessinés pour des silhouettes très minces, laissant de côté les grandes tailles. Un enseignant en sociologie de la mode souligne même que cette prétendue inclusion servait à préserver ce système qui encense l’idéal mince. Ekaterina Ozhiganova, une mannequin à la tête d’une association qui défend les droits des mannequins, en conclut que les marques de mode refusent de représenter des personnes normales.  

Des canons de beauté qui représentent un échec en matière diversité des morphologies 

Les chiffres publiés par Vogue Business démontrent le peu d’efforts réalisé par l’industrie de la mode en matière de diversification des tailles durant la précédente des semaines du prêt-à-porter. Sur 9137 tenues présentées pendant les 219 défilés à des Fashion Week de Paris, New-York et Milan, seuls 0,6% étaient conçues pour les mannequins grande taille. De plus, 3,8% d’entre elles étaient présentées par des mannequins qui taillent entre 38 et 42, et enfin, 95,6% habillaient des mannequins minces taillant du 32 jusqu’au 36. Des données démontrent que s’habiller en taille M, qui est la plus répandue dans la vie quotidienne, constitue une absurdité dans ce secteur. Il pousse ainsi ceux qui s’habillent dans cette taille à perdre du poids ou à basculer sur du XL. 

Une réglementation protège tant bien que mal les mannequins 

Contraintes de modeler leur poids à la demande, les mannequins sont aussi des victimes de ce système. Ekaterina Ozhiganova alerte d’ailleurs sur les risques de ces injonctions sur la santé de ces professionnelles. Une enquête révèle également que neuf mannequins sur dix, soit 52,5% d’entre elles, affirment ressentir une pression pour changer régulièrement leur apparence. Pourtant, des textes obligent les mannequins à présenter un certificat médical. D’un autre côté, certains géants du luxe comme LVMH, ont signé une charte visant la suppression de la taille 32 des demandes de casting. Cependant, les résultats de ces actions se font encore attendre.  

Les obstacles évoqués par les marques à la création des vêtements grandes tailles 

La création de vêtements pour grandes tailles est représentée comme un défi majeur pour de nombreuses marques de mode, qui évoquent de nombreux obstacles. Elles s’en servent d’ailleurs pour ne pas respecter la réglementation. Certains estiment que les coûts de production pour les vêtements grande taille sont souvent plus élevés que pour les tailles standards. Pour d’autres, la création de ces habits exige un savoir-faire spécifique en matière de conception et de modélisation. Elle nécessite une adaptation des techniques traditionnelles de conception et de production, ce qui peut être un processus complexe. Toujours est-il que ce ne sont pas des obstacles insurmontables.  

Les hommes sont aussi concernés par cette problématique 

Le secteur de la mode a longtemps été critiqué pour ses injonctions à la minceur, une pression qui concerne aussi bien les mannequins féminins que masculins. Certains experts affirment que cette quête incessante de minceur est en réalité une tentative de gommer les distinctions de genre, avec une recherche d’un « corps similaire » pour les mannequins des deux sexes. Des études ont mis en évidence les pressions exercées sur les mannequins masculins pour maintenir des physiques minces. Cela soulève des questions sur les normes de beauté irréalistes qui peuvent affecter la santé et l’estime de soi des hommes dans cette industrie. 

Avec ETX/DailyUp