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Usages des terres : enjeux et perspectives pour une transition agroécologique  

Usages des terres : enjeux et perspectives pour une transition agroécologique  

15 Avr, 2025

Les usages des terres jouent un rôle clé dans la transition agroécologique et la neutralité climatique. Entre biodiversité, biomasse et bioénergies, ces enjeux nécessitent des arbitrages stratégiques pour assurer un avenir durable tout en conciliant production et préservation des ressources naturelles. 

Les usages terres au cœur des défis environnementaux et sociétaux  

Les usages des terres influencent directement l’équilibre écologique et les stratégies de production alimentaire. Face à l’urbanisation croissante, à la réduction des espaces naturels et aux pressions agricoles, la gestion durable des sols devient cruciale. L’agriculture intensive a longtemps dominé, entraînant un appauvrissement des sols, une perte de biodiversité et une forte dépendance aux intrants chimiques. Aujourd’hui, des alternatives émergent avec des approches plus durables, comme l’agriculture régénératrice et la permaculture. Elles visent à restaurer les écosystèmes, réduire les émissions de gaz à effet de serre et améliorer la résilience face au changement climatique. 

Comparaison de scénarios prospectifs pour guider les décisions 

Depuis plus d’une décennie, plusieurs scénarios prospectifs ont été élaborés pour orienter la gestion et les usages des terres vers des solutions durables. Afterres2050, développé par Solagro, fait partie des scénarios de référence en matière d’agroécologie et de transition énergétique. Il met en avant la nécessité d’une agriculture plus autonome, diversifiée et moins dépendante des intrants.

En parallèle, d’autres travaux, menés par des instituts de recherche et des think tanks européens, explorent différentes trajectoires pour atteindre la neutralité climatique et protéger la biodiversité. L’analyse de 16 scénarios réalisée par Christian Couturier (Solagro), Michel Duru (INRA) et Pierre-Marie Aubert (IDDRI) permet d’évaluer la faisabilité et la pertinence de ces différentes approches. Ces études proposent des feuilles de route destinées aux décideurs politiques et aux citoyens pour une transformation agroécologique efficace et socialement acceptable. 

Transition agroécologique : entre innovations technologiques et acceptabilité sociétale 

Les scénarios prospectifs reposent sur des hypothèses contrastées, oscillant entre avancées technologiques et changements sociétaux. Certains, comme celui du Conseil danois de l’agriculture, misent sur une intensification technologique avec des cultures optimisées et une utilisation accrue de la robotique et des biotechnologies. D’autres, à l’image de Future Nordic Diet, Tyfa et Afterres2050, privilégient une transformation en profondeur des modes de consommation et de production, avec une réduction des protéines animales et un développement massif de l’agroécologie. L’enjeu réside dans la compatibilité de ces stratégies d’usages des terres avec les attentes sociétales, la viabilité économique des exploitations agricoles et les politiques publiques de soutien à la transition. 

Réduction de l’élevage et évolution alimentaire 

Un consensus émerge sur la nécessité de réduire l’élevage intensif et de favoriser une transition alimentaire basée sur la diversification des sources de protéines. Les cas de figure analysés préconisent une baisse de la consommation de viande, compensée par une augmentation des légumineuses et des protéines alternatives comme les algues ou les insectes. Ce changement aurait un impact direct sur les usages des terres en libérant des surfaces actuellement consacrées à la production de fourrage. Toutefois, la mise en œuvre de ce changement soulève plusieurs défis, notamment en termes d’acceptabilité culturelle, de structuration des filières et d’adaptation des systèmes de production agricole. 

Le rôle des bioénergies et de la biomasse dans la mutation écologique 

Les bioénergies occupent une place centrale dans plusieurs cas de figure prospectifs, en particulier pour atteindre les objectifs de neutralité climatique. L’exploitation raisonnée de la biomasse permettrait de produire de l’énergie renouvelable tout en valorisant les déchets agricoles et forestiers. Toutefois, la mobilisation excessive des ressources végétales pour la production d’énergie pourrait entrer en concurrence avec les besoins alimentaires et nuire à la biodiversité. Une approche équilibrée en matière d’usages des terres s’avère donc nécessaire pour éviter toute sur-exploitation des sols et garantir une gestion durable des ressources naturelles. 

L’importance des politiques publiques et de la gouvernance 

Outre l’optimisation des usages des terres, la réussite de cette transformation durable repose sur des choix politiques clairs et cohérents. Les réglementations, les subventions et les incitations fiscales doivent accompagner les agriculteurs et les industriels vers des pratiques plus durables. De plus, l’engagement des citoyens et des acteurs économiques est indispensable pour impulser des changements concrets. La mise en place de cadres législatifs encourageant la diversification des cultures, la réduction des intrants chimiques et le développement des circuits courts constitue un levier majeur pour rendre cela viable à long terme. 

Source : Afterres2050 – https://afterres2050.solagro.org/ressources/definir-lusage-que-nous-faisons-des-terres/